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[ Dakar : Agriculture Urbaine. ]
22 juillet 2008

Lointaines.

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La première chose dont les gens qui sont déjà partis en Afrique te parlent quand ils apprenent que tu vas y aller, c'est de la solidarité qui y règne. Là bas tu vois, les gens se saluent, se font passer les tickets jusqu'à la caisse dans le bus, s'entraident. Personne n'est jamais laissé seul le nez dans sa merde. On est d'accord. Le premier mot appris en arrivant ici c'est "am", "tiens" en wolof, et ce n'est pas un hasard. Où que tu ailles, il y aura toujours quelques chose à manger pour toi par exemple. Mais il existe des revers bizarres à cette solidarité. C'est à cause d'elle par exemple que la plupart des petits commerces sont tenus par des étrangers. Un Sénégalais ne peut pas refuser de faire crédit à ses voisins dont il sait qu'ils n'ont pas assez d'argent pour acheter. Un Guinéen si. Dans le bus, si un petit croise des connaissances plus âgées, il est censé leur payer le ticket, alors il part s'asseoir à l'avant du bus, loin de la caisse. Y'a aussi les voleurs qu'on tabasse collectivement. Et les enfants qui volent? Et bien on les tabasse comme des enfants. Il faut dire que c'est grave de voler dans un pays où même si tu n'as rien, les gens te feront vivre. Enfin il y a cette famille, qui finit par me paraître étouffante, car on ne la quitte jamais vraiment . Certains dogmes semblent inébranlables; écrasant le sentiment, la tradition avant tout.

La religion a ses raisons, que la raison ignore, surtout en ce qui concerne les femmes. Voilà ce que l'on apprend sous le ciel étoilé Dakarois tandis que les joints de yamba tournent dans nos mains. Inoubliable. Si Pap a le droit d'avoir plusieurs femmes, quatre dans l'idéal nous confie t'il, sa femme elle a le droit de se taire. Ce soir j'apprends qu'une femme ne peut suffire à un seul homme, mais qu'en ce qui concerne l'inverse, c'est différent. Les hommes d'ici semblent croire que la femme supporte bien le harem. Je m'étrangle et riposte, pour une des premières fois de ma vie, en tant que femme. Mais étrangement ce n'est pas le fait d'être confrontés à une femme tenant un discours différent de celui qu'ils tiennent habituellement en son nom qui les fera changer d'avis. Que dalle. Mon erreur de toubab émancipée est de croire que la femme est l'égal de l'homme, alors qu'elle lui est inférieure. Car c'est bien l'homme qui est plus fort que la femme non?  Je serre les dents. Comment te faire comprendre que l'expression d'égalité appliquée au rapport homme femme n'a pas pour but de nier que t'as un zizi, moi des seins et que tu me bats au bras de fer; mais juste d'affirmer que nous sommes tous les deux capables de penser par nous mêmes et pour nous mêmes? A partir de ce moment là, plus d'inférieur ni de supérieur, plus de droit à quatre femmes si pas de droit à quatre maris! Et dire que c'est comme ça depuis que le monde est monde n'a rien d'un putain d'argument: on fait de la merde depuis que le monde est monde, on l'a toujours fait donc on va continuer inch'allah. L'Islam c'est certainement pas depuis que le monde est monde. Et ton droit à quatre femmes tu l'as pas plus trouvé là en arrivant que j'ai trouvé mon droit à l'avortement sur mon paillasson. C'est énervant cette manière de penser que soit les choses se font toutes seules soit elles ne se font pas. Du coup "pas" bien évidemment. Au moindre grain de sable dans les rouages de la logique, au lieu de tout démonter pour essayer de repenser les choses autrement, on fait appel à Dieu c'est si commode.

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